Construire une nouvelle médiation culturelle

Retrouverons nous nos habitudes du monde d’avant ? ou devrons nous redéfinir nous aussi nos habitudes culturelles ? Face à la pandémie, le lieu culturel est victime de sa raison : être un espace de rencontre et de partage. Alors que depuis de long mois on s’habitue aux rideaux baissés sur les salles obscures et au spleen des affiches de spectacles dans le métro, les musées débordent de plus en plus des quatre murs de leur enceinte pour s’approprier le monde virtuel.

Ainsi, comment traduire cette offre sensorielle réelle en offre digitale afin de continuer à entretenir la flamme muséale des amateurs

Digitaliser le sanctuaire de la culture et de l’art

Un musée est un « espace symbolique », un endroit où le sens est négocié et déterminé, un lieu de médiation auquel sont associés « un ensemble d’acteurs, d’activité et de normes » (Desprès-Lonnet, 2012). Le digital ne présente pas d’expérience des sens ou du partage alors que c’est justement cette richesse qui rend la visite d’une musée intéressante et mémorable. Le digital n’est qu’image et texte. Les musées doivent équilibrer l’offre numérique à l’offre réelle. Notons que les individus sont en quête de sens : ils cherchent à développer leur culture, stimuler leur sens et partager. Les musées ont le pouvoir fédérateur de réunir les curieux et de provoquer un sentiment d’appartenance à une communauté.

Stratégies et créativité, une nouvelle médiation culturelle

Dans cette perspective, depuis mars 2020, les réseaux sociaux ont désormais des allures de véritable livre ouvert sur l’histoire de cet art à la fois trivial et majestueux, incontestablement l’expression sociologique des évolutions historiques. Les réseaux sociaux sont le catalogue du musée, l’expression de ses secrets et de ce qui est latent dans le monde réel. Entre podcasts, coulisses, portraits d’œuvres, vidéos, visite privée, ateliers de création ou encore galeries virtuelles, l’accès a la culture a été considérablement facilité grâce aux actions des musées. Le Château de Versailles a investi Tik Tok dernièrement pour faire visiter aux plus jeunes ses salles... Tout le monde est VIP… !

Vers une démocratisation de la culture ?

Ainsi, les musées se sont renouvelés pertinemment et ont élargi leur cible grâce aux réseaux sociaux. Cette nouvelle médiation culturelle semble démocratiser et casser l’image « d’ennui » et d’élitisme des musées grâce à des contenus numériques accessibles et ludiques. Cependant, pour inciter les gens à consommer de la culture numérique, il faut que l’offre vienne à eux au mieux car beaucoup malheureusement ne sont pas familiers des musées physiques et encore moins des musées numériques. Sursollicité, l’individu est « visiteur-acteur », il est actif. Il veut être diverti et est en quête de nouveauté. Il apparait ainsi essentiel que les musées continuent ainsi à être les passeurs du patrimoine français et qu’ils s’adressent à tous.

Donc, alors que les frontières physiques constituaient un frein pour beaucoup, le numérique permet à tous d’accéder à l’offre culturelle. Véritable média de masse, Internet confirme son rôle d’« outil de convergence privilégié de la diffusion culturelle » (Yoccoz, 2012) au plus grand nombre. L’élitisme associé à la culture trouve ainsi sa solution.